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a) Le réalisme physique

Le réalisme, au sens général, consiste à admettre qu'il existe une réalité sous-jacente, en ce sens qu'elle est la source de nos perceptions, de nos observations et de nos concepts, et objective, en ce sens qu'elle est indépendante de l'observateur, et plus généralement de l'homme. Par suite, cette réalité pré-existait à l'apparition de l'homme et lui survivra. Sauf à se réfugier dans un subjectivisme intégral (le solipsisme), chacun admet un tel réalisme. Le désaccord apparait quand il s'agit de préciser la nature de ce réel. Un critère de réalité devra donc être formulé.

Evoquons seulement ici les types de réalisme pour lesquels le réel pourrait être de nature idéelle (les idées platoniciennes) ou même mathématique (Pythagore et tous ses épigones) ou même inaccessible (Kant et sa chose en soi). Le réalisme le plus communément admis est le réalisme proche (ou naïf) pour lequel le réel nous apparait tout simplement tel qu'il est.

Par conséquent, les qualités de nos sensations, et par exemple pour Aristote, le chaud, le froid, le sec, l'humide, seraient des propriétés objectives du réelV4. Progressivement il apparu que ces qualités étaient trop humaines, donc subjectives et seulement secondes, auprès d'autres qualités, dites primaires, parce que susceptibles de mesures quantitatives. Cette épuration du réel, accomplie notamment par Descartes, mais aussi par tous les premiers physiciens classiques : Galilée, Newton,... etc avait été d'ailleurs pressentie par les philosophes atomistes grecs tels Démocrite, pour lequel il n'existait ``que les atomes et l'espace vide''. Le triomphe de cette théorie atomique fût apparemment d'abord celui d'une philosophie matérialiste, selon laquelle la réalité est d'essence matérielle, c'est-à-dire constituée seulement de particules massives en interaction, à savoir d'abord les atomes découverts durant le XIXe siècle, aujourd'hui les particules élémentaires, toutes les particules étant supposées localisées à chaque instant dans l'espace. La découverte du champ électromagnétique, d'abord considéré seulement comme un procédé pour calculer les interactions entre les particules, mais ensuite lui-même porteur d'énergie localisée dans tout l'espace, aurait pu ébranler cette philosophie matérialiste, quand il apparut que ce champ n'admettait aucun support matériel, tel que l'éther, mais l'hypothèse du grain d'impulsion-énergie : le photon, a, au contraire et apparemment au moins dans un premier temps, généralisé la théorie corpusculaire de la matière.

C'est cette conception du réel, selon laquelle celui-ci est constitué d'objets (dont la nature reste à élucider) localisés à chaque instant, et se déplaçant dans l'espace-temps, qu'on appelle le réalisme physique. On remarquera combien cette conception est proche de notre intuition immédiate et en ce sens, le réalisme est notre philosophie naturelle. On notera surtout combien le cadre spatio-temporel y joue un rôle essentiel. Ce rôle n'est pas étonnant si on remarque que tout l'effort de la physique, depuis le Descartes des ``tourbillons'' jusqu'à l'Einstein de la Relativité générale, a visé à une géométrisation de la physique.

Le grand mérite d'un tel réalisme est qu'il explique, au moins apparemment, l'objectivité de toute une classe de phénomènes, c'est-à-dire de ceux à propos desquels les hommes peuvent s'accorder, pour reconnaître qu'ils font des observations communes, et qu'ils peuvent échanger des informations précises. Le réalisme l'explique en effet, en disant que l'origine de ces observations est un réel extérieur (et donc objectif) et unique (et donc commun). Par ailleurs, ce réalisme spatio-temporel justifie une méthodologie. En effet, complété par l'hypothèse de séparabilité qui va être définie ci-dessous, il incite à décomposer, selon une méthode déjà préconisée par Descartes, un système réel complexe en ses éléments plus simples. Ceux-ci sont considérés comme indépendants quand ils sont suffisamment séparés dans l'espace-temps, c'est-à-dire séparés par un intervalle du genre espace.

Enfin, c'est grâce à cette hypothèse de séparabilité que le critère de réalité, réclamé précédemment pourra être formulé ci-après.


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Arnaud Balandras 2005-04-02