Nous venons de constater que les conséquences du formalisme quantique sont incompatibles avec le postulat de séparabilité. Ce dernier postulat semble si naturel, et même si nécessaire, comme le croyait Einstein, à l'élaboration même de la physique, que cette incompatibilité jetterait un discrédit majeur sur toute la mécanique quantique si certaines expériences récentes n'avaient pas révélé, et même indépendamment de tout formalisme quantique ou autre, que cette hypothèse de séparabilité est effectivement violée.
Elle l'est d'ailleurs de la façon précise prévue par la mécanique quantique, sauf si, pour sauvegarder cette hypothèse on invoque d'autres nouvelles hypothèses ad hoc sans pouvoir prédictif, donc peu ou pas vérifiables, et encore plus fantastiques que la non-séparabilité elle-même, que l'on veut rejeter.
Une telle démonstration de la non-séparabilité pourrait alors être considérée comme définitive, si cette démonstration ne supposait pas elle-même une adhésion à certaines formes de réalisme, dont nous montrerons ultérieurementV15 qu'elles sont contestables. De toute façon, qu'il faille accepter la non-séparabilité ou qu'il faille renoncer à un certain réalisme, il s'agit là d'une remise en cause majeure de nos préjugés conceptuels.